Les mauvaises pensées
Je ne crois pas être un seigneur Sith (eh oui, on est fan de Star Wars ou on ne l'est pas), c'est-à-dire un méchant, très, très méchant qui ne veut être que du côté obscur parce que pour lui, c'est un peu comme une plage paradisiaque des Bahamas. Pourtant, il m'arrive souvent et même assez souvent d'avoir de mauvaises pensées lorsque je suis en tournée. Oui, j'avoue, je bouillonne mais comme je suis polie, pas un vilain mot ne sort de ma bouche. Je reste impassible, un sourire aux lèvres dans un total contrôle de soi.
-À ma petite grand-mère du soir qui m'attend pour se coucher et qui me dit, assise dans son fauteuil bien au chaud à côté du poêle : "On s'est gelé aujourd'hui, j'ai hâte d'être au lit, je vous attendais." J'ai envie de lui dire : "Oui, moi aussi je me suis gelée toute la journée dehors et moi aussi j'ai envie d'être au lit, alors on va faire vite comme ça je pourrais rentrer au chaud", non à la place, je lui sors un "allez, venez, vous mettre au chaud" plein de compassions.
-Au monsieur, qui me dit : "tiens, je pensais que c'était votre collègue aujourd'hui."
Je réponds la bouche pleine de guimauve : "eh bien, ce n'est pas grave, c'est moi aujourd'hui, vous la verrez demain", alors que je pense plutôt : "ben non, c'est moi et bien moi et c'est comme cela, na!" (na veut dire si t'es pas content, c'est pareil).
-À la dame qui me fait poireauter dix bonnes minutes derrière la porte et qui me dit " vous avez sonné ? Je n'ai rien entendu." Je meurs d'envie de répondre : " non, non je ne sonne pas, je préfère me geler les coucougnettes (que je n'ai pas d'ailleurs) et attendre que vous vous décidiez à venir m'ouvrir." À la place, je lui réponds :" oui, j'ai sonné mais ça ne fait pas longtemps que j'attends." Tu parles Charles...
-Dans le même style, je rentre chez un de mes petits pépés, je le cherche, je l'appelle dans sa grande maison. Je le trouve finalement tout au fond assis à son bureau, en pleine commande de "super congel". Je me plante devant lui, je l'appelle "monsieur, monsieur". Le pépé très concentré sur les saumons surgelés et sourd comme un pot ne me voit pas. À la fin de sa communication téléphonique, il réalise que je suis là. "Excusez-moi, vous attendez depuis longtemps ?" Je lui réponds :"non, non je viens à peine d'arriver", alors que je pense : "j'ai juste eu le temps de faire trois fois le tour de la maison, de faire le pied de grue et de connaître tous les tarifs de "super congel", mais ce n'est pas grave, je n'ai que cela à faire !"
Hou la Vilaine, mais après tout, ce ne sont que des pensées. Personne n'est parfait. Cela se saurait. Et puis, ça fait du bien de lâcher un peu la pression, ne serait-ce que mentalement parlant...