Les uns restent, l'autre part.

Publié le par La petite infirmière

Les uns restent, l'autre part.

Colère ce matin en apprenant par un de mes patients que le médecin du village récemment installé va s'en aller. Il est arrivé il y a à peine 6 mois et va s'expatrier à une cinquantaine de kilomètres dans une autre commune qui lui propose une pluie d'avantages. On ne peut pas lutter.

Ce médecin avait été recruté par l'équipe municipale. C'était un de ses premiers postes en France, après avoir travaillé dans les pays de l'Est. Pourtant, notre petite commune s'était donnée les moyens à hauteur de son budget. Un petit cabinet fraîchement repeint et un logement avaient été mis à sa disposition. Les patients sont arrivés petit à petit, certes méfiants mais contents d'avoir un nouveau praticien. Le moral des habitants était à la hausse car le médecin, c'est une des âmes du village. Il rassure les nouveaux arrivants, permet aux anciens de rester chez eux, au pharmacien de travailler.

Malheureusement, le manque de praticiens est une réalité. Les communes tels des chasseurs de primes proposent toujours plus pour attirer : le logement gratuit, le cabinet à disposition, un salaire minimum et même le dernier iPhone. Comment les petits villages peuvent suivre ? Est-ce la bonne méthode pour recruter ? Il faut trouver des médecins certes mais l'important est de les conserver. Certains médecins également peu scrupuleux profitent de la situation. Ils restent le temps des avantages puis s'en vont vers d'autres horizons.

Et les patients dans tout cela, qui pensent à eux ? Ils sont comme toujours la dernière roue du carrosse, les laissés-pour-compte. Qui va les soigner ? Pour ceux qui se rendaient chez ce médecin, c'est retour à la case départ. Il faut appeler les autres praticiens du secteur, qui surchargés ne peuvent pas toujours les prendre en charge. Pour ceux qui ne peuvent se déplacer, la difficulté est encore plus grande car la plupart des médecins installés parfois à plusieurs dizaines de kilomètres ne peuvent se rendre à leurs domiciles.

Sur le papier, la campagne est moins attirante. Ici, pas de bord de mer, pas de centre-ville animé avec des restos ouverts jusqu'à tard dans la nuit, mais des champs à perte de vue, des agriculteurs qui travaillent dur. Le chômage aussi progresse. La population vieillit. Est-ce une raison pour abandonner tous ces gens qui, au fond ne demandent qu'une chose : être soigné décemment?

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