Flash back : le congé maternité by la petite infirmière
Revenons trois ans en arrière. J'attends mon troisième enfant. Je suis à six mois de grossesse. Cela commence à être compliqué de travailler. Je me tortille comme un ver de terre dans ma voiture, mon ventre me gêne. La fatigue commence à se faire sentir. J'ai des douleurs aux plis de l'aine. Verdict : hernie inguinale due principalement au fait de monter et descendre de voiture (calcul rapide : environ 25 patients le matin et autant le soir soit une cinquantaine de descentes et une cinquantaine de montées, ce qui fait une bonne moyenne il faut bien l'avouer. À cela, on ajoute les 250 kilomètres parcourus par jour. Non de non, on explose les compteurs !). Je suis donc contrainte de m'arrêter ce qui est loin d'être facile. Je vais laisser mes collègues dans le caca ! De plus, je vais devoir me poser et me reposer, ce qui est loin d'être une sinécure pour une pile électrique comme moi. Je dois également m'atteler à un travail qui m'occupe pratiquement H 24 : trouver quelqu'un pour me renseigner sur les indemnités et les papiers à fournir. Après moult appels téléphoniques à ma chère Cpam, j'arrive à joindre une dame, fort charmante d'ailleurs qui en sait en gros autant que moi sur le sujet (donc pas grand-chose) et qui me dit que la personne qui s'occupe des arrêts de travail n'est pas là aujourd'hui (ben ça, ce n'est pas de bol !). Au bout d'une semaine de coups de fils, de visites à la Cpam et de surf sur le net, j'arrive à me faire une idée de mes indemnités journalières. Et là, je n'ai qu'une envie, c'est de pleurer parce que mon compte professionnel risque que fondre comme neige au soleil vu la somme que je vais toucher pendant mes quatre mois de congé maternité. À cela, je peux rajouter un forfait maternité de ma prévoyance à qui je donne environ 100 euros par mois et qui ont la bonté de m'offrir une enveloppe de quelques centaines d'euros. Vous me direz, c'est déjà pas mal mais pas suffisant pour compenser ma perte de salaire. En gros, je vais me retrouver pendant 4 mois avec des rentrées d'argent inférieures à mes sorties (sorties signifient ici charges habituelles à payer Urssaf, Carpimko etc...). Tout cela bien sûr, sans compter le coût de la vie. Heureusement j'ai pu mettre un peu de côté, un petit bas de laine quoi ! Mais comment font celles qui sont arrêtées au début de leur grossesse ? Comment font celles qui ne peuvent avoir un petit pécule sous le coude ? Il faut également trouver une remplaçante qui accepte de faire 4 mois à temps plein dans le même cabinet. Et là, c'est un parcours également semé d'embûches surtout lorsque comme moi, on exerce dans une région pas vraiment rock en roll. J'avoue, j'ai peut-être été naïve. Au début de ma grossesse, je me suis métamorphosée en bisounours, genre "tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil". Je ne pensais qu'au doux parfum de la maternité. La réalité est venue tâcher ce joli rêve à coups de charges à payer, de papiers à fournir, de démarches à faire. Lorsque l'on est salarié, on ne soucie pas de tout cela. On s'arrête lorsque le moment est venu. On rentre dans le congé maternité comme dans un lit douillet, mais nous les libérales cette douce période n'est souvent qu'angoisse et tracas. Au final, j'ai eu mon bébé, j'ai pu gérer à peu près mes finances (après presque trois ans, mon compte pro commence à mettre la tête hors de l'eau), j'ai trouvé une géniale remplaçante (qui travaille toujours avec moi d'ailleurs) mais quand est-il de toutes les autres ? Pourquoi le fait d'être libérale et notamment infirmière (une majorité de femmes vous en conviendrez) serait-il un frein à la maternité ? Ne peut-on pas faire les deux ? Exercer son métier et pouvoir devenir mère lorsqu'on le souhaite. Cela me semble un minimum, vous ne croyez pas ?