Gastro quand tu nous tiens
Un matin comme les autres, enfin presque. Le réveil sonne. J'ai du mal à émerger, ma tête pèse une tonne. Je suis fatiguée alors que je n'ai même pas sorti un pied du lit. C'est après le petit déj que les ennuis commencent. Mon café installé bien au chaud dans mon estomac semble décider à faire le trajet retour. Non, cher café, reste où tu es, ne remonte pas. Je t'en supplie. Il y a trop de travail, ne t'en va pas, mon ptit café, ni vous non plus mes délicieuses tartines. J'ai besoin de vous car la matinée risque d'être très, très longue. Armée de mon courage et d'une grande bouteille de coca, je pars d'un pas chancelant, prête à affronter toutes les nausées qui se mettront en travers de ma route.
Les premiers soins se passent plutôt bien. Je ne pète pas le feu mais je tiens la distance. Pourtant, au bout d'une heure, les nausées refont surface au moment même où je pénètre dans l'antre d'une de mes patientes. L'air de rien, une idée me traverse l'esprit : pourquoi suis-je entrée, pourquoi n'ai-je pas fait demi-tour ? Parce que là, je suis vraiment mal barré. Enivrés par le doux parfum du salon (un mélange de tabac froid et de pipi de chat) mon café et toutes ses amies tartines remontent en flèche, désireux de se répandre sur la moquette. Bon vous me direz, cela ne se verra peut-être pas vu la couleur de la moquette (verdâtre tirant sur le marron caca) mais bon, je suis polie, j'ai un principe : je ne vomis jamais chez un patient. Non, j'attends d'être dehors. Et là, une fois le portail franchi, je rends tout mon déjeuner. Un bon vieux renard des steppes. J'ai juste le temps d'écarter mes pieds, sinon je suis bonne pour aller me changer. Aaargh, cette bonne vieille gastro est au rendez-vous. Elle ne m'avait pas manqué celle-là ! Je repars tant bien que mal, avec l'impression de marcher sur la lune. Chaque pas demande un effort considérable mais je continue.
La matinée s'écoule au ralenti. À midi, je n'en peux plus, je suis lessivée, une vraie serpillère. Je rentre chez moi, enfin. Mon rêve de la journée semble se réaliser : je vais pouvoir rejoindre mon lit, au moins pour quelques heures. Et oui, je ne veux pas faire pleurer dans les chaumières mais pour nous les libéraux point d'arrêt maladie pour une vulgaire gastro-entérite, ni pour une crève à se cogner la tête par terre. Non, juste quelques heures de répit avant de repartir. Je m'étends sur mon lit, ferme les yeux et m'endors. Cet intermède réparateur me fait du bien. Déjà seize heures, il faut se remettre au boulot. Mon état physique semble en voie d'amélioration. Toujours quelques nausées mais rien de comparable à ce matin. Ouf, je suis prête à repartir. Ah, gastro quand tu nous tiens !