Retour en Libéralie...
Le soleil est à peine levé, j’ouvre un œil puis l’autre. Je me dis qu’il est encore trop tôt et que je peux retourner dans les bras de Morphée mais en posant les yeux sur mon réveil, je réalise qu’il ne va pas tarder à sonner. Le réveil, je l’avais oublié celui-là ! Je n’ose l’arrêter de peur de me rendormir pour de bon. Je garde les yeux rivés au plafond, un goût amer dans la bouche et un vilain nœud dans le ventre. Je ne veux pas regarder les minutes défilées, ces toutes dernières minutes avant le lever, ces toutes dernières minutes de vacances. Ce matin, c’est le retour en Libéralie, ou pour être plus clair la reprise du travail.
Le son strident de mon réveil marque le top départ. Je fonce à la salle de bain en me disant que plus rapidement j’atteindrai l’évier et moins dur ce sera. Je reprends peu à peu mes habitudes : une gorgée de café, un trait d’eye-liner, une gorgée de café, un chignon coiffé-décoiffé (surtout décoiffé !), une gorgée de café et c’est parti pour un tour. La Libéralie, ce pays oublié depuis quinze jours s’ouvre à moi. Je m’installe dans ma voiture en relisant ma liste de patients. La veille, ma collègue m’a appelée pour les transmissions. J’ai réentendu tous ces noms que je ne connaissais que trop bien mais que j’avais mis de côté dans un petit coin de ma tête pendant toutes les vacances. J’ai noté dans la marge « passer à la pharmacie », « appeler le labo pour avoir des boîtes à prise de sang ».
Le démarrage du moteur marque le début de la tournée. Je me rends chez mon premier patient qui m’accueille avec un : « Alors, bien passées ces vacances ? ». Ça y est, Libéralie, me voilà ! Les gestes reviennent, je réapprends petit à petit : première prise de sang, premier pansement…
Le retour en Libéralie se fait naturellement, ses habitants semblent heureux de me retrouver. Je raconte mes congés avec un petit pincement au cœur. Transformés en souvenirs, ces quelques jours de vacances resteront planqués dans un coin de ma tête. Un petit coin où j’irai me pelotonner lorsque le besoin se fera sentir. Vous savez ce besoin de douceur que l’on recherche lorsque qu’à la fin de la journée, on se dit que l’on a passé vraiment une journée de m...., qui est dans le top cinq de nos journées les plus pourries ! Ce besoin de douceur que l’on recherche lorsque la Libéralie nous sort par les yeux et que dans ces moments-là, on l’effacerait bien de la carte !
En attendant, l’heure tourne, la Libéralie se dresse devant moi, ce petit bout de terre isolée, cette campagne trop souvent délaissée. Ma Libéralie à moi, c’est cela. Pour d’autres, la Libéralie est une ville ou un bord de mer. Le paysage change mais, au fond, notre métier reste le même…Le retour en Libéralie est le même pour tout le monde : un mélange d’appréhension et de nostalgie qui se fait souvent un peu à reculons car quoi que l’on en dise, c’est quand même bien les vacances !