La machine infernale...

Publié le par La petite infirmière

La machine infernale...

Lorsque l’on est infirmière, s’il y a bien un domaine dans lequel il faut savoir tirer son épingle du jeu, c’est bien celui de l’électronique, outil indispensable pour arriver à se dépatouiller avec les pompes et pousse-seringues en tout genre.

C’est avec entrain que je me suis rendue chez un patient pour une « mini formation à l’utilisation d’une PCA (Patient Controlled Analgésia) ». La représentante du prestataire, plutôt aguerrie m’explique comment remplir, brancher et programmer la pompe en me lançant des « c’est hyper simple », à toutes les fins de phrases. Effectivement en la voyant faire, cela me paraît « hyper simple ». Elle manie avec la dextérité d’un Eric Antoine (oui, oui le magicien) au top de sa forme, la précieuse machine sous les regards ébahis de son public (mon patient et moi-même). Je suis à deux doigts de l’applaudir et de hurler « une autre, une autre » à la fin de la démonstration. Tellement emballée que j’en oublie de lui poser deux questions cruciales : 1) Est-ce vous que je dois appeler en cas de soucis divers et variés ? 2) Quels sont les bugs de fonctionnement les plus souvent rencontrés (et quoi faire ?) ? Parce que problème, il y en a forcément avec ce genre d’engin et jamais, au grand jamais quand on voudrait (genre en plein milieu de tournée, lorsque l’on est très, très, très en retard). Mais voilà, sur le moment, on n’a jamais l’impression que "problème il y aura" parce que ça à l’air « hyper simple » et que « je saurai bien me débrouiller ».

 Le lendemain, je me rends donc chez mon patient afin de changer sa pompe. J’ai tout de même eu l’éclair de génie de prévoir du temps pour la première manipulation même si madame « hyper simple » m’a assuré du remplissage éclair de la pompe.

Au début, tout se passe bien : j’exécute toutes les étapes aussi facilement que Tiger Wood faisant un parcours de mini-golf : remplissage : checké ; tubulure : checkée ; programmation : checkée.

Voilà, le moment crucial est arrivé. J’appuie sur « START » et…BIP, BIP, BIP, un son strident résonne à mes oreilles. Quoi, mais qu’est-ce que c’est que ce binz ?!

Je revérifie le tout : cassette : ok ; tubulure : ok ; programmation : ok. Allez, go, go, go et BIIIIP. Zut, crotte, flute.  Mais que se passe-t-il ? Mais qu'est-ce qui se passe ? Je renifle comme une vieille odeur de moutarde en train de me monter au nez !

Je rechecke : rien. Je lance des regards éplorés au monsieur qui semble désolé pour moi. Les minutes passent. Je regarde le mode d’emploi, je regarde la machine, je re-regarde le mode d’emploi, j’appuie à droite puis à gauche. J’ai chaud. J’ai envie de pleurer (je sais, c’est idiot mais j’ai envie quand même !). Je trouve un numéro au dos de la pompe où il est noté : « à composer en cas de panne », sauf que là, ce n’est pas vraiment une panne mais plutôt une infirmière qui patauge ! Je redémonte et le remonte le tout : BIP, BIP. Nom de Zeus, ça ne va pas le faire. J’enverrai bien valdinguer contre le mur,  la machine infernale et son horrible BIP avec !

 Bon, restons calme et reprenons depuis le début. Je vérifie pour la cinquantième fois et là, éclair de génie, j’enfonce un peu plus la tubulure dans le détecteur d’air, genre avec ma poigne de grosse bourrine ! Miracle, ça marche ! J’en embrasserai presque mon monsieur, soulagé lui aussi ! Hip, hip, hip, hourra ! Bon, pas le temps de s’attarder à une séance d’auto congratulation car l’heure tourne et cela fait quarante-cinq minutes que j’essaie de me dépatouiller avec cette maudite machine. Heureusement, que cela devait être « hyper simple » !

 Promis, on ne m’y reprendra plus. La prochaine fois, je noterai scrupuleusement toutes les étapes de mise en route et surtout, surtout au moment du démarrage, je ferai une petite prière mentale (vous savez, le dieu des infirmières en détresse) et croiserai les doigts. On ne sait jamais, cela peut marcher !

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