Éloge du petit matin

Publié le par La petite infirmière

Éloge du petit matin

5h45 : le réveil résonne dans la chambre endormie. Pas un bruit à part le « ti-ti » strident de la sonnerie. Mon rêve disparaît instantanément comme un ballon crevé par une aiguille. Mes yeux ont du mal à s’ouvrir. Mes paupières sont lourdes, tellement lourdes et n’ont qu’une envie : se refermer. Ma bouche pâteuse, me donne l’impression de ne pas avoir bu depuis des jours. Mes bras endoloris me rappellent que la journée de la veille n’a pas été de tout repos. En repoussant la couette, je sens la fraicheur du petit matin. Je mets le gilet qui traîne au pied du lit et me lève. Je ne pense à rien et me dirige tel un robot dans la salle de bain. C’est dans cette pièce que je me réveille vraiment. Je me prépare, me maquille, me coiffe, m’habille. Je deviens moi.

Je m’échappe tel un voleur de la maison endormie, sans me retourner. Les bras chargés, je monte dans ma voiture. J’allume la radio et démarre. L’aube est en train de se lever. La noirceur de la nuit fera bientôt place à un nouveau jour. Je traverse le village désert. La boulangère ouvre sa boutique. Je la salue d’un signe de la main et me sens un peu moins seule dans la torpeur du petit matin. Çà et là, des fenêtres éclairées scintillent telles des petites lucioles. Ici, on se lève tôt. Je passe le village et continue sur un chemin sombre. Pas d’éclairage en dehors des deux réverbères du bourg. Dans la lumière de mes phares, les ombres des arbres tendent leurs doigts crochus, les animaux se faufilent dans l’herbe des fossés. La lumière du tableau de bord éclaire l’habitacle. À la radio, les informations s’enchaînent et me donnent le bourdon. Je change de station pour de la musique. Je bois deux gorgées chaudes de café, tout droit sorties de mon thermos et grignote de petits gâteaux. Déjà, j’aperçois au loin les lumières d’une ferme. Je gare ma voiture dans la cour. Le chien de la maison vient m’accueillir, comme tous les matins. Le froid de l’automne est déjà piquant. Je ferme ma veste. J’attrape ma valise sur le siège arrière en me contorsionnant. Je quitte la chaleur de mon véhicule. Je frappe à la porte et rentre : « Bonjour, c’est moi, la petite infirmière…. ». Désormais, la nuit, ma nuit s’en est allée. La journée peut commencer.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
A
Je n'ai aps retenu que cette partie de l'article, ne vous inquiétez pas mais c'est vrai que parfois c'st dur de sortir de sa voiture entre chaque patient et d'affronter le froid. Brrrr
Répondre