Et quand bien même...

Publié le par La petite infirmière

Et quand bien même...

En libéral, nous allons au domicile des patients. Nous entrons dans leur antre, dans leur intimité et c’est en cela qu’il est nécessaire de nous adapter à chaque situation. Mais cela mérite-t-il de tout accepter ? « S’adapter » ne veut pas dire « se contraindre ». Il est évident que le statut de libéral est un statut particulier, nos patients sont notre gagne-pain et pas de patient, pas de pain ! Mais cela implique-t-il de se plier à toutes les exigences ?

Ce matin, je reçois donc un appel du service de diabétologie, une de mes patientes s’y est rendue en consultation. Son diabète est très difficile à régler. Le régime alimentaire est plus qu’approximatif. L’infirmière du service me fait comprendre que les heures de passage ne conviennent pas, étant donné qu’elle déjeune deux heures après l’injection d’insuline rapide ! Je lui explique nos horaires pour cette patiente (8h30, 12h et 19h). Seulement voilà, le mari de la dame et elle-même trouvent que 8h30, c’est trop tôt pour déjeuner. L’infirmière me propose donc d’adapter nos horaires à 10h, 14h et 19h. Je réponds du tac au tac que : non, il est difficile pour l’organisation de la tournée de se rendre aux horaires proposés, qu’ils peuvent s’ils le souhaitent se recoucher après le petit déjeuner étant donné qu’ils ne travaillent pas. Toutefois, en raccrochant le téléphone, un doute me submerge: « ai-je bien fait ? ». Je réfléchis quelques instants à cette patiente, à la tournée, aux distances parcourues chaque jour et à nos conditions de travail en libéral. Et puis, d’un revers de main, je balaie toute trace de culpabilité. Parce qu’être infirmier(e), ce n’est pas tout accepter. Parce que la tournée entière ne doit pas s’organiser en fonction des exigences d’un seul. Parce que nous devons certes protéger nos patients mais également nous-même.

Notre profession difficile nécessite de l’écoute, de la compassion mais pas de l’abnégation. Nous nous devons de continuer à dire « non », lorsque nous sentons que le bouchon est poussé trop loin. Ceci est bien sûr un exemple parmi d’autres. Il faut trouver le bon équilibre pour que tout le monde soit satisfait, aussi bien les patients que nous, les infirmier(e)s. Et quand bien même, savoir dire « non » lorsque l’on estime que cela est nécessaire ne fait pas de nous de moins bons soignants. Au contraire…

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U
Je te comprend bien et je compatie ca n'pas toujour evident le patient mecontent et souvent juste pour la gloire
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