C'est du propre ! ou pas....

Publié le par La petite infirmière

C'est du propre ! ou pas....
 
 
Par une belle matinée ensoleillée, je naviguais dans ma voiture en faisant l'étoile de mer (cabinet-première maison  ; cabinet-deuxième maison dans la direction opposée et ainsi de suite...). Je chantonnais comme à mon habitude (vous ne vous êtes pas étonné de l'averse subite de ce matin ? Ben, c'était moi ou plutôt moi qui pousse la chansonnette !) quand la douce musique de mon portable a retenti : "quoi, y'a des zombies ?!" (parce que ma sonnerie, c'est la musique d'introduction de "The Walking Dead", on est fan ou on l'est pas) ! Bref, je m'arrêtais sur le bas-côté et décrochais :
-Z'êtes bien l'infirmière ? Ce serait pour mon mari. Il était à l'hôpital et y'à des piqûres.
-Ok, il faut venir quand ?
-Ben, faudrait aujourd'hui. Quand vous pouvez...
-Je peux venir en fin de matinée si vous voulez. Où habitez-vous ?
Malgré des explications, comment dire, embrouillées, je situais à peu près l'endroit où vivait mon nouveau patient. 
 
À la fin de ma tournée, je suivais donc les indications de la dame : avant le lieu-dit de "coin perdu", tourner à gauche direction "la chèvrerie", prendre le chemin à droite, descendre tout en bas. Arrivée devant le fameux chemin, je me suis promis que la prochaine fois, j'achèterai un 4x4 car ma Modus adorée allait légèrement faire la tronche, vu le nombre de caillasses qui ornait le chemin. Bon, quand faut y aller, faut y aller ! 
Je descendais prudemment en me disant que s'il y avait un trou du cul du monde, il était peut-être ici car plus paumé, ça ne devait pas exister.
 
J'arrivais sur une petite cour. Le sol était jonché d'objets en tous genres : jantes de voitures, cartons, boîtes de conserve ouvertes, j'en passe et des meilleures, le tout sur un tapis de bouillasse survivant même à un été de sécheresse ! Un chien attaché, hurlait à la mort. Une scène post apocalyptique digne des plus grands films de série B. Une dame sortit de la maison :
-Ferme ta p..ain de gueule, sale cabot ! Venez, rentrez. Faites pas attention au bordel !
 
Amis de la poésie, bonsoir ! Cela vous met tout de suite dans l'ambiance ! Je suivais donc (pas vraiment rassurée) la dame à l'intérieur. Le salon était fidèle au jardin, une pagaille sans nom, où même le balai et l'aspirateur avaient déclaré forfait. La lumière du jour était inexistante, du fait des volets qui restaient indéfiniment fermés. Je regardais mes pieds et remerciais ma petite voix intérieure du matin qui m'avait conseillé de garder mes baskets malgré la chaleur de la journée. Monsieur, qui était assis dans ce qui devait être il y a une bonne cinquantaine d'années un joli fauteuil, me salua d'un signe de tête. Je posais ma sacoche sur une chaise (j'avais auparavant balayé du regard la pièce et m'étais arrêtée sur une petite chaise qui me semblait à peu près propre). Je sortais le matériel et m'accroupissais pour effectuer l'injection. C'est là que je sentis une certaine humidité au niveau de mon genou droit, celui qui avait frôlé le sol. Hélas, j'avais réalisé trop tard mon erreur : en me baissant, j'étais rentrée en contact avec le tapis servant de litière aux chats de la maison. Une faute de débutante !
Le monsieur semblait faire totalement abstraction du capharnaüm dans lequel il vivait. Il ne le voyait plus de toute façon. La vie avait continué et lui, s'était habitué à ce taudis. Ni sa femme, ni lui n'avait la force ou le courage de nettoyer alors ils faisaient avec et ne regardaient plus la couche de poussière qui s'était accumulée. Toute leur vie d'avant, tous leurs souvenirs étaient noyés sous une tonne de crasse. C'était comme ça. 
Je me disais qu'il serait judicieux de leur envoyer les deux ménagères de l'émission d'M6 mais réalisais que "C'est du propre" ne devait plus être programmée depuis belle lurette et qu'ils ne voudraient peut-être pas des deux fées du logis de toute façon. C'était moi que la maison choquait, c'était moi qui les jugeais...Eux, avaient peut-être choisi cette vie ou du moins s'étaient fait une raison et continuaient ainsi.
Alors, en partant, je dis simplement "à demain"...Le monsieur me répondit d'un grand sourire et retourna à la lecture de son journal...
Les deux fées du logis de "C'est du propre !"

Les deux fées du logis de "C'est du propre !"

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