Une histoire de remplacement...
Ma mallette est prête depuis plusieurs jours, tout y est bien rangé : les compresses, le garrot, les pansements, les seringues...Ma voiture est aspirée et karcherisée. J'attends que mon téléphone se mette à sonner. J'attends de recevoir la tournée du lendemain. Je suis prête, j'ai relu toute la liste des patients que j'avais fait en doublure la veille. J'essaie de me remémorer un maximum de choses : chez un tel rentrer par la véranda, chez un autre ne pas venir après 8 heures. Je ferme les yeux et me refais le trajet comme un musicien répétant sa partition avant de monter sur scène. Moi aussi, je monte sur scène : je commence les remplacements dans un nouveau cabinet. La sonnerie retentit, je suis concentrée sur la voix qui me dicte la liste de noms. Je note tout ce que je peux, de la moindre petite indication à l'information cruciale. Une trentaine de minutes plus tard, je suis vidée et un chouïa paniquée. Il va falloir assurer pour gagner la confiance : celles des gens chez qui je vais me rendre et celles de mes nouvelles collègues.
Après une courte nuit, je suis prête à partir, prête pour la découverte. Je mets ma liste bien en évidence et je démarre dans la nuit. La première maison apparaît à l'horizon. Je sonne et la porte s'ouvre. Le monsieur a l'air surpris de me voir.
« Ah c'est vous ! Elle est pas là l'infirmière ?
Non, elle n'est pas là, c'est moi qui la remplace. »
Je lui dis cela en souriant, histoire de détendre l'atmosphère, bien que celle-ci semble, disons, quelque peu glaciale.
Installé à la table, il remonte sa manche et me tend le bras.
« D'habitude, elle pique là. C'est toujours là ! Ailleurs, ça me fait mal. » fait-il en me montrant une zone au milieu de son coude.
« Permettez, je vais regarder d'abord ! »
Il me laisse palper son bras mais je sais bien qu'il ne va pas falloir me louper ni le louper. C'est une sorte d'examen de passage, à ne rater sous aucun prétexte, histoire de ne pas être cantonnée au rang de « boulet de service » ! Le soin se passe sans encombre, du premier coup et sans douleur. Qui dit mieux ! L'ambiance se détend au fur et à mesure que les tubes se remplissent. La partie n'est pas encore gagnée mais la première manche est à mon avantage (petite infirmière : 1/ poisse : 0).
La suite de la tournée est comme les montagnes russes avec des hauts et des bas. Chez certains, l'accueil est plutôt chaleureux, chez d'autres moins. La plupart me bombardent de questions (« vous venez d'où ? », « vous êtes infirmière depuis longtemps ? »), d'autres au contraire ouvrent à peine la bouche, d'autres encore me parlent de leurs infirmières habituelles. C'est leur façon de m'accueillir et un peu de m'accepter. Je ne fais pas attention et essaie de rester le plus concentrée possible. Une première journée, cela n'est jamais facile. Il faut faire ses preuves, s'adapter aux habitudes de chacun, se faire accepter tel que l'on est.
La matinée se termine. Je relie ma liste : je n'ai oublié personne et ne me suis pas perdue. Il faut dire que les infirmières avaient bien préparé le terrain en prévenant de ma venue et en me donnant tous les détails et habitudes de chacun. Je suis plutôt fière de cette première journée. Bien sûr, tout n'a pas été tout rose, mais dans l'ensemble tout s'est plutôt bien passé. Mon téléphone se met à vibrer et je pose un regard sur l'écran. Mes doigts tapotent sur le clavier et je souris en envoyant ma réponse à une des infirmières du cabinet :
-La tournée s'est bien passée ?
-Oui nickel. Pas de pb :)
-Cool, alors je t'appelle plus tard pour celle de demain.
Cet article a été écrit en partenariat avec remplafrance, le site de mise en relation des professionnels de santé pour le remplacement, collaboration et succession.
C'est gratuit. Vous pouvez contacter Camille par e-mail (camille@remplafrance.com), sur Facebook (https://www.facebook.com/camille.rempla.infirmier) ou au 06 44 67 24 89 pour toutes questions.