Séries noires pour nuits blanches

Publié le par La petite infirmière

Freddy Krueger, Les griffes de la nuit.

Freddy Krueger, Les griffes de la nuit.

 

Notre métier possède au moins un intérêt (et pas des moindres) : il a le pouvoir de faire qu'une journée ne ressemble jamais à la précédente ni même à la suivante. Pas de routine en libéral, c'est la règle d'or. Ce qui, il faut bien l'avouer peut-être un avantage (l'ennuie, connais pas !) mais aussi un inconvénient qui peut vite nous faire attraper des cheveux blancs et nous faire perdre le sommeil. Notre métier ressemble à des montagnes russes : des périodes d'activité intenses où l'on ne sait plus où donner de la tête alternant avec des baisses de régime aussi brutales que si on avait tiré le frein à main d'une Ferrari lancée à vive allure. Il faut s'organiser, bien mettre de côté un petit bas de laine au cas où. Seulement voilà, c'est toujours plus facile à dire qu'à faire parce que souvent les périodes de vaches maigres nous tombent sur le coin du museau avant que l'on ait eu le temps de dire « crotte » : deux-trois hospitalisations qui durent, un départ et c'est toute la tournée qui s'en trouve bouleversée. Comme une série noire en amène souvent une autre : durant ces tournées light, les appels ont tendance à diminuer, ce qui n'arrange en rien notre inquiétude qui elle, ne cesse d'augmenter !

« Comment vais-je faire si ça ne reprend pas ? » : on s'est tous posé la question même si la plupart du temps, et heureusement le travail revient.

Le soir venu, alors que l'on s'installe bien confortablement dans notre lit, que l'on retape notre oreiller moelleux et que l'on s'apprête à fermer les yeux, une petite voix résonne dans la tête : « charges, charges, charges... ». Cette petite voix qui glace le sang, accélère les battements du cœur et maintient les yeux désespérément ouverts. Les charges qui se rappellent à nous le soir venu comme un mauvais rêve : « coucou, c'est moi ton URSSAF, ne me dis pas que tu m'avais oublié parce que tu sais que le 5 du mois, je viens frapper à ta porte ! ». Les charges qui nous murmurent à l'oreille : « je suis (et resterai) ton pire cauchemar ! ». Comment s'endormir après cela ?

On essaie, on ferme les yeux, on se répète que l'on verra bien, que le boulot va revenir, que ce n'est pas grave. Pourtant, rien n'y fait, le sommeil s'est fait la malle et l'on assiste impuissant au défilement des minutes sur le radio-réveil tout en calculant le peu d'heures qui nous restent à dormir. Lorsque le réveil sonne enfin, nous tirant du calvaire de la nuit, la journée reprend son cours restant aussi calme que la veille ou reprenant le rythme des grands jours. A chaque fois que ces séries noires arrivent je m'interroge sur notre système de charges qui pourrait s'il était mieux organisé nous éviter bien des nuits blanches parce qu'une tournée n'est pas une journée type pareille à toutes les journées type. Une tournée n'est jamais tracée d'avance, il y a de l'inconnu chaque jour, il y a des hauts et des bas parce que derrière c'est l'humain que l'on soigne. Pas des chiffres, de l'humain !

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