Last days...
Son corps le lâche. Il ne tient plus ou plutôt si, il ne tient qu’à un fil, un fil si fin, si fragile qu’il peut casser à tout moment. Son visage est émacié. Ses joues creusées laissent apercevoir les contours de son squelette. Sa bouche semble plus grande. Sa peau a pris une couleur grisâtre. Ses lèvres bleutées sont le reflet d’une mauvaise oxygénation. Ses yeux ressemblent à ceux d’un géant : deux énormes billes coincées dans leurs cavités orbitaires.
Son corps décharné témoigne de l’impact de la maladie : les muscles ont disparu, la peau est asséchée, les bras ne sont que brindilles, les jambes : de frêles fondations prêtes à rompre sous le poids du mal qui le ronge, les pieds sont enflés car marcher devient difficile, la voix rauque semble sortir tout droit des entrailles.
Il ne parle presque plus. Il n’en a plus la force ni l’envie. Il fait mine de tenir le coup mais la partie semble désormais perdue alors quoi faire ? Le laisser gérer ce qui lui reste de vie comme il le souhaite, l’accompagner s’il le demande, rester quelques minutes de plus quand parler peut soulager, accepter sa mauvaise humeur qui n’est dirigée que contre l’injustice de la situation. Prendre soin de lui. Brancher la perfusion et rêver qu’elle contienne un antidote contre cette saletée de crabe. Lui dire « bonne soirée, à demain » en croisant les doigts pour qu’il y ait un lendemain. Se dire que bientôt tout sera fini mais continuer quand même jusqu’au bout, jusqu’à la fin.