Laissons entrer le soleil...
Lundi matin, 10h, la tournée bat son plein. C’est la course mais pas vraiment le jogging dominical à un rythme tranquillou bilou ! Pour tout dire, cela ressemble plutôt à un sprint : je me gare, je descends, je marche, je sonne aux portes, je rentre dans les maisons, je ressors, je remarche, je redémarre, je m’arrête à nouveau... Nous sommes en février et je roule la fenêtre ouverte. J’ai posé mon manteau sur le siège passager. Il n'y a rien qui cloche ? Je répète : nous sommes en février et je roule la fenêtre ouverte (sans mon manteau sur le dos) ! Hé oui, depuis quelques jours, le ciel a pris des allures printanières et cela fait un bien fou. Une espèce de parenthèse enchantée au milieu de la morosité de l'hiver dans laquelle la tournée paraît plus gaie et plus légère. La campagne sent bon l’herbe fraîche et les oiseaux pointent le bout de leur nez. En chemin, je regarde le soleil qui joue à cache-cache avec les feuilles des arbres au rythme de mon bolide et je me dis que ces derniers jours ressemblent à une séance de luminothérapie qui réchauffe les peaux autant que les cœurs. Dans chaque maison visitée, on s’accorde à dire que : "c'est quand même très agréable ce soleil". Pourtant, malgré la légèreté ambiante, certains émettent des réserves :
- il y a ceux qui s’interrogent sur la suite : N’aurons-nous pas à cause de ces quelques jours de soleil un printemps pourri (le traditionnel « on va le payer plus tard » comme si quelques moments de grâce méritaient une punition !) ?
- il y a ceux qui répètent que : « ce n’est pas normal, alors ça non, pas normal du tout ! ».
- il y a ceux qui font un mixte : temps de printemps en hiver + manif du samedi + rien qui va = monde de fou !
- il y a ceux qui craignent une invasion de tous les virus de la terre car comme on dit souvent : « le froid ça tue les virus » alors pas de froid...virus en pagaille !
Je sors de chaque maison un peu perplexe : pourquoi devrait-on se justifier de profiter de la légèreté du moment ? Pourquoi un peu de positif devrait être suivi d’une période négative (Neige, froid, pluie ou bouillasse...le choix du roi) ? Ne devrait-on pas simplement vivre l’instant présent sans regarder ni en avant ni en arrière ?
Plongée dans mes pensées, je manque de m’étaler sur les marches du perron de mon prochain patient (on ne peut pas en même temps faire de la psychologie de pissotière et garder un oeil sur tous les dangers du jardin !). En ouvrant la porte, j’entends la voix du monsieur : « J’arrive de suite. Je me lave les mains. J’étais dans le jardin. Avec ce beau temps, il faut en profiter... ». Dans le hall d'entrée, le monsieur me rejoint et au moment où je m'apprête à refermer la porte, celui-ci me rétorque, un sourire aux lèvres :
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Non, non, on va laisser ouvert comme ça le soleil pourra entrer...
Let's the sun shine, let's the sun shine in...