Comme dans un jeu de petits chevaux...

Publié le par La petite infirmière

Comme dans un jeu de petits chevaux...

L'autre soir, je suis allée à un repas organisé pour le départ en retraite d'une de mes anciennes collègues, une collègue d'il y a quelques années lorsque je n'étais pas en libéral. J'y ai revu toute mon équipe de l'époque rassemblée pour l'occasion. Cela faisait quelques mois que l'on n'avait pas mangé ensemble. Il y avait également les collègues actuelles de la "future" retraitée et certains médecins avec qui elle travaillait.

 

Beaucoup de mes collègues de l'époque sont maintenant en libéral. Certains s'y plaisent, d'autres moins, mais tous ont le même discours implacable : "si la carpimko augmente à cause de la réforme des retraites, cela ne va pas valoir le coup de continuer".

À l'époque, ceux qui partaient en libéral avaient des étoiles plein les yeux et un trop-plein d'hospitalier. J'étais dans ce cas. Ce qui nous serrait le cœur était de devoir quitter cette équipe que l'on aimait tant et de se jeter seul dans une autre vie.

Les revoir m'a serré le cœur à nouveau. Avoir une équipe me manque parfois et je me suis sentie seule dans mon libéral.

 

Le lendemain, sur les routes désertes, j'ai repensé à la soirée de la veille. Je me suis rappelé des raisons qui m'avaient fait quitter l'hospitalier : l'envie de changement ; le poids de la hiérarchie ; l'impression de n'être qu'un pion de petits chevaux qui doit avancer dans le même sens que les autres ; les heures sup' qui s'accumulaient.

Je me suis concentrée sur celles qui m'avaient motivée à tenter l'aventure du libéral : la promesse d'une liberté ; le domicile ; ma future associée, et celles sur lesquelles j'avais déchanté au fur et à mesure des années : les charges toujours plus lourdes ; le fait de se dire lorsque l'on souffre physiquement : "est-ce que je vais pouvoir quand même aller bosser ?" plutôt que "est-ce grave ?". J'ai réalisé que les raisons qui me faisaient remettre en question le libéral n'avaient aucun rapport avec le libéral en lui-même mais venaient de la gestion catastrophique de notre profession. Là-haut au sommet, qui se souciait du sort de plus de 600000 infirmiers libéraux ? Qui sentant la détresse de notre profession allait lever le petit doigt et améliorer les choses ? Personne ! Au contraire, tout était fait pour que nous nous cassions la gueule au beau milieu de notre tournée de vie.

 

J'ai continué ma route en pensant à mon ancienne équipe, à mon ancien poste en salle de réveil et mon cœur s'est serré. Je n'avais pas hésité une seule seconde à plonger la tête la première dans le grand bain du libéral. Je n'avais jamais regretté et pourtant, je m'interrogeais sur l'avenir incertain de ma profession. Comme lorsque j'étais salariée et que j'avais la sensation d'être dans un jeu de petits chevaux où nous devions tournés tous dans le sens du profit. Dans le sens du profit, mais jamais dans celui de ceux qui font que le profit existe....Jamais dans le sens des acteurs de la profession que l'on soit salarié ou libéral...

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