Journal de la prairie jour 11
Aujourd’hui pour la première fois depuis dix ans, j’ai remis une tunique d’infirmière. Dix années, que je ne m’étais pas habillée tout en blanc (d’habitude, c’est plutôt back in black). Cela m’a fait quand même un drôle d’effet et cela a fait aussi son petit effet auprès des patients (« ça fait bizarre de vous voir comme ça ! », « tiens, voilà l’hôpital ! », « ça vous change, dites donc ! »). Me voir débarquer comme ça avec la tenue blanche, les sabots verts, le masque et le bonnet (ben oui faisait froid ce matin et faute de mieux, cela protège les cheveux !), ça doit quand même les faire un peu flipper ! Au bout de sept heures de tournée, mes mains sont comme des paluches de vieille sorcière et mes pommettes touchent presque mes yeux tellement le masque me serre. Par contre, malgré tous ces désagréments, je suis passée maître dans l’art d’enlever le masque par l’élastique et l’introduire sans le toucher dans le sac poubelle prévu à cet effet ! Lorsque j’arrive chez moi, je me déshabille dans le jardin (heureusement les voisins sont loin !), passe par mon sas improvisé, mets mes affaires dans la machine et arrive en sous-vêtements dans la maison (« bonchour, cha va ? ») avant de sauter dans la douche ! À ce rythme (trop de lavages tuent les lavages !) mes cheveux vont vite devenir poivre et sel (au secours ma coiffeuse, Help me !).
Durant la tournée, je continue ma récolte de matériel. Heureusement qu’il y a eu h1n1 (c’est bizarre de dire cela !) car si les masques n’avaient pas à l’époque étaient distribués en masse, on n’aurait rien du tout à l’heure qu’il est... Plusieurs personnes m’ont dit aujourd’hui que le pic était devant nous, qu’ils avaient entendu (je ne veux pas savoir où, mais sûrement sur les chaînes d’info en continu qui parlent, reparlent et re-reparlent H24 du covid. Je ne sais pas combien de fois par jour BFM et autres répètent les mots coronavirus et covid 19, mais s’ils devaient donner un euro à chaque fois, cela ferait un sacré paquet de pognon pour remonter l’économie du pays !), que le pire était à venir alors mes collègues et moi, tentons de nous préparer comme on peut sans trop flipper mais en étant mortes de trouille quand même.
En rentrant de tournée ce soir, je me suis entraînée à un chant de ma chorale (oui, j’aime bien pousser la chansonnette !) et j’ai hurlé à tue-tête que « je n’aurai pas le temps, non pas le temps ».
Ça fait vraiment du bien de brailler seule dans sa voiture à l’abri des regards et des tympans !
Demain, c’est mon premier week-end de repos depuis le confinement, deux jours d’affilée d’isolement et franchement, j’ai hâte...
À demain les zamis, prenez soin de vous...