Journal de la prairie jour 14
Mode confinement du lundi, le retour ! Enfin confinement, pour moi seulement entre 13 et 17 h parce qu’avant 13h et après 17h, c’est confinement dans ma voiture toute pleine de miasmes (enfin je n’espère pas !) et confinement chez les patients le temps des visites. En libéral, nous sommes des escargots sans coquille qui nous promenons de coquille en coquille (on s’en fout, on bave dans nos masques !). La tournée est assez calme pour le moment, les prises de sang se font plus rares... Serait-ce le calme avant la tempête ? Derrière mon masque, j’ai l’impression de plonger la tête dans un bac de talc, peut-être parce qu’ils sont vieux et périmés... J’utilise les plus anciens d’abord, histoire d’apporter un peu de logique dans tout cela (même si j’avoue parfois partir dans des raisonnements dont la logique est tout sauf logique !). Je passe une grande partie de la tournée à me demander si je fais bien si ou mal ça, bref si je suis une crétine en gestes barrière. Je me dis que dans quelques jours, j’en aurai fini avec toutes ses questions qui s’entrechoquent sous mon crâne parce que tous ces gestes feront partie de mon quotidien (désinfection de la voiture, déshabillage dans le jardin...). Ce n’est pas pour moi que je les fais (enfin si, un peu quand même !), mais pour ma famille et les patients. C’est pour eux que je m’inquiète.
Ce matin, une dame m’a dit qu’en restant ainsi enfermé, on allait perdre le printemps. Je me suis dit qu’il fallait mieux perdre le printemps que perdre la vie et lui ai répondu que ce n’était pas très grave parce que ma bonne dame, y’a plus de saison et que le printemps arrivera peut-être en juillet !