Journal de la prairie jour 19
Pas la pêche ce matin. Pas l’envie . Dans un mauvais rêve de la nuit dernière, je découvrais que j’étais infectée et devais l’expliquer à tous mes patients. Du coup, lorsque le réveil s’est mis à carillonner, j’ai eu l’impression d’avoir dormi deux secondes. Tout cela parce que l’on en a parlé mon colonel en chef et moi du « si, jamais » mais on a vite refermé la parenthèse. Comme pour conjurer le sort. Ne pas parler du « si jamais » pour qu’il n’arrive pas. Comme avec « celui dont on ne prononce pas le nom » dans Harry Potter !
Ce matin, pendant la tournée, plein de personnes m’ont demandé si « dans le coin, y’a pas de cas ? Hein dites, y’en a pas ? ». Je comprends leur angoisse. Ici à la campagne, on a un peu l’impression qu’il y a une espèce de frontière invisible qui protège les habitants. On se dit que si tout le monde respecte à la lettre le confinement , le virus ne viendra pas en masse, mais ici, comme ailleurs les gens sortent pour faire leurs courses et acheter le pain et le journal !
Hier soir avant de m’endormir, j’ai regardé mon fil d’actualité Facebook. Le truc à ne pas faire (je le sais pourtant !) et j’ai lu un témoignage d’un soignant covid + qui était passé du statut de héros à celui de pestiféré (ce qui a peut-être contribué à perturber ma nuit). La nature humaine est décidément bien étrange. Ici aussi, je sens une certaine tension lorsque l’on me demande si le covid s’est installé dans les maisons. Comme si ceux qui portaient le virus étaient responsables de leur situation et que l’on allait sans tarder inscrire sur leur porte « maudit , ne pas s’approcher ni même saluer ! ».
Je ne sais pas vers quoi on va, mais en tous cas, on y va !!!!
Pour nous changer les idées, j’ai initié mes soldats à une série culte : « desperate housewifes » qui fait partie de mon top ten des meilleures séries de tous les temps... J’avais hésité avec The Walking Dead, mais vu la période, on va éviter les histoires de virus et en plus, mon soldat 3 semble avoir oublié le jeu de rôle de l’autre jour (celui avec les zombis qui font du camping !). Maintenant, elle dit qu’elle a peur des requins et aussi des incendies. Le feu, c’est parce que je lui ai raconté que petite j’étais morte de trouille à la vue d’une cheminée ! Je vous dis parfois, il vaudrait mieux fermer sa bouche à double tour et jeter la clé (comme lorsque l’on était gamin et que l’on mimait la fermeture de bouche et le jet de clé par dessus l’épaule !). À demain, les zamis. Prenez soin de vous.