Journal de la prairie jour 32
J2/6. Le réveil a été difficile. Ce matin j’ai eu l’impression de me transformer en rouleau de printemps (plutôt en garniture de rouleau de printemps) qui n’avait pas vraiment envie d’être dévorée toute crue par la journée. Suis montée dans ma voiture avec tout mon attirail sur le dos avec la désagréable impression d’être dans un imperméable géant (joie du siège qui au bout d’une demi-heure colle au derrière !). À la radio, on a annoncé le décès du chanteur Christophe, victime parmi les victimes du covidmachinbidule. Je préfère l’appeler comme cela, car il ne mérite pas d’autre nom, cette saleté (le covid, pas Christophe) !
Au fil de la tournée, j’ai parfois trouvé les mots pour apaiser les angoisses de certains ; j’ai échangé des mots pour prendre des nouvelles ; j’ai gardé les mots pour moi et simplement écouté Vivaldi qui emplissait la pièce pendant que je donnais la douche. À la maison, j’ai dit des mots doux qui remplacent les bisous que l’on ne se fait pas ; j’ai hurlé des mots durs parce que la fatigue s’était ajouté à la colère sans que cela ne soit efficace (parce que crier « si tu continues, tu vas être punie, mais alors sévère !!!! » ne sert pas à grand chose à part me faire accélérer le palpitant) ; j’ai échangé des mots et des regards avec mes trois soldats et mon colonel en chef, pas forcément de longues discussions, mais des mots qui s’enchaînent pour savoir si tout le monde va bien, si la journée s’est bien passée. Des mots simples et des gros mots, des mots sympas, des mots sombres et d’autres remplis d’espoir...et surtout quelques mots bleus...
À demain, les zamis. Surtout prenez soin de vous...