Journal de la prairie jour 35
Dans le rétroviseur de la voiture, je regarde mes yeux cernés. Deux poches sombres sous mes yeux couleur sombre.
Dans le rétroviseur de la voiture, j’admire le soleil qui se lève sur une route déserte et dont le reflet étincelle comme un rayon laser.
Dans le rétroviseur de la voiture, il n’y a que mes yeux qui brillent entre le calot et le masque. Deux billes noires qui scintillent sous le reflet du soleil.
Dans le rétroviseur de la voiture, je me souviens des jours passés à arpenter les chemins. Depuis douze ans déjà. Hier en civil, aujourd’hui en blanc.
Dans le rétroviseur de la voiture, j’ai une pensée pour tous ceux qui partent travailler, les soignants et les autres et cela me donne du courage.
Dans le rétroviseur de la voiture, je m’interroge sur la direction que prend le monde et m’inquiète pour la suite des événements. Comment allons-nous sortir de là ?
Dans le rétroviseur de ma voiture, je fredonne une chanson qui passe à la radio et cela me fait penser à toi mon amie d’enfance. Je me dis que tu n’auras rien vu de tout cela ou plutôt si que peut-être de là où tu es, tu dois bien te marrer en nous voyant dans une merde pareille.
Dans le rétroviseur de la voiture, la mélancolie s’empare de moi, lorsque mes parents m’envoient un vieux poème qu’ils ont retrouvé en rangeant le grenier. Un poème que j’avais écrit il y a bien longtemps. Un truc idiot mais dont chaque mot réapparaît après un long sommeil.
Dans le rétroviseur de la voiture, je pense à ce que j’ai à faire, à mon projet d’écriture que je dois rendre très bientôt et qui avance à tout petits pas, puis à l’autre projet, laissé en attente le temps de finir le premier...que je meurs d’envie de terminer.
Dans le rétroviseur de la voiture, la journée s’achève et j’ai hâte maintenant de rentrer chez moi...