Journal de la prairie jour 43
-« Vous en avez dans votre tournée ? C’est pour ça que vous vous habillez comme ça parce que vous en avez ? ». Voilà ce que j’ai entendu ce matin. J’ai eu beau rassurer, conforter la patiente en lui disant que c’était pour se protéger et pour laver plus facilement les vêtements (le jean Levis qui coûte un rein ne tiendra pas le choc avec un lavage par jour, voire deux à 60 degrés !), j’ai bien vu passer dans son regard un éclair d’effroi (le même que lorsque Nancy Thomson voit débarquer Freddy Krueger chez elle pour la première fois !). Les jours de confinement qui s’accumulent, l’angoisse du déconfinement et d’un probable reconfinement, les enfants que l’on n’a pas vu depuis longtemps, la solitude qui pèse sur les cœurs ne font qu’augmenter ce sentiment d’angoisse. Voir débarquer une « infirmière-extra-terrestre » tout droit sortie de son vaisseau spatial peut (je le conçois) faire un peu flipper alors il faut rassurer, accompagner encore plus que d’habitude pour que la pilule soit un peu plus facile à avaler (le vieux jeu de mots d’infirmière !)... La tournée pourtant allégée s’étire sur la matinée et tout ce temps en plus est nécessaire autant pour les patients que pour moi...
En rentrant de tournée, j’ai été rappelée à l’ordre par le soldat numéro 3 parce qu’hier, je lui avais promis de fabriquer des petites maisons en carton pour ses Petshops... Si j’avais pour ma part complètement zappé l’activité manuelle du jour, la miss, elle, n’avait pas oublié, alors après manger, on s’y est mise toutes les deux. Enfin, surtout moi parce qu’au bout d’un quart d’heure, j’étais seule à bosser sur le design d’extérieur des petites baraques en collant des autocollants « love », « cute », « peace and love » et en coloriant d’un panel de couleurs aussi flashy que girly chaque recoin des façades. Au moins, si jamais un jour j’en ai marre d’être infirmière, je pourrais toujours devenir architecte pour Petshops !
À demain, les zamis. Prenez soin de vous...
Ps 1 : John Raclette occupe tout notre temps libre : entre les pissettes, les jeux pour le maintenir éveillé la journée (car sinon pleurniche la nuit) et la demi-tonne de câlins et de bisous qu’on lui fait, on n’a pas cinq minutes à nous !
Ps 2 : Hier soir, on a regardé « Albator , corsaire de l’espace » le film et j’étais vraiment vénère que l’on transforme un chef-d’œuvre en une grosse daube ! Le soldat numéro 3 s’est même à un moment tournée vers moi, en chuchotant : « mais, c’est nul ton truc que tu regardais tout le temps quand tu étais petite ! » et je me suis dit que tout foutait le camp et que même Albator avait été piétiné au profit du grand Capital !!!!