Journal de la prairie jour 48
Comme un dimanche de tournée...
Le réveil toujours un petit peu plus difficile que les autres jours, même si en ce moment, les autres jours ressemblent à des dimanches.
La pluie en démarrant qui tombe en continu, l’eau des flaques géantes qui s’éparpille en éventail sous le passage de mes roues, chaque pas franchi comme dans un parcours d’obstacles afin que mes baskets ne soient pas trempées dès le petit matin.
Les visites du jour, celles quotidiennes, les « chroniques » et les « séries » en cours, les « bonjour, comment ça va ce matin ? », les « bon dimanche à vous, à demain ! ».
La radio sur Europe 1 exceptionnellement parce que c’est Bernard Poirette qui présente le début de matinée et que sa voix grave est bien plus rassurante que les autres.
Un bout de mon livre audio du moment, un Philip Roth (« Portnoy et son complexe ») dont l’histoire de cet ado pris entre la tradition de sa religion, l’étouffement de sa mère (une vraie mère juive) et la découverte de sa sexualité me fait parfois ricaner toute seule dans ma voiture.
En fin de tournée, remplir les piluliers que je n’ai pas le temps de faire la semaine et les orner d’un patchwork de cachets de toutes les couleurs.
Ne pas rentrer trop tard et retrouver les miens pour quelques heures.
Faire une micro-sieste, sans pouvoir m’endormir parce que la maison est remplie de bruit.
Jouer un peu avec le soldat numéro 3, du moins essayer parce que j’ai plus envie de faire l’étoile de mer sur mon lit que de jouer aux barbies.
Caresser John Raclette couché près de moi. Appeler ma petite sœur, savoir que tout le monde va bien chez elle, mais ne pas savoir quand on pourra se revoir parce que plus de cent kilomètres nous séparent.
Repartir travailler en remettant une tenue blanche (white power !).
Retrouver les patients du soir, discuter cinq minutes avec eux, les entendre me dire que tout le monde en a marre de tout ça.
Rentrer, me doucher pour la deuxième fois la journée. Retrouver les miens, écrire un peu avant le repas, m’allonger et prendre le risque de m’endormir comme une crotte sur le canapé juste après avoir manger...
À demain, les zamis. Prenez soin de vous...