Journal de la prairie jour 50

Publié le par La petite infirmière

Journal de la prairie jour 50
 

« Qu’est-ce qu’on a changé dans notre façon de vivre depuis le début le confinement ? »

C’est mon soldat numéro 2 qui a posé ça là comme ça au milieu de la salle de bain. C’est qu’elle est plutôt du genre directe, la mistinguette. 

J’ai réfléchi deux secondes en me disant mentalement qu’en fait, je n’en savais rien et en me demandant si c’était vraiment le moment pour des questions hautement sérieuses alors que je m’appliquais à lui couper les pointes des cheveux (les ciseaux et moi, ça fait deux !). Un peu de plus et je lui sortais : « t’en as d’autres des questions ? Tu vois pas que je galère là ? », mais je me suis dit que c’était peut-être bien d’en parler, que ça passerait le temps pendant que je prenais mon temps à tenter de ne pas la rater en jouant les Jean-Louis David de la cisaille !

-« Ben, en fait... Pas grand chose... » je lui ai répondu.

J’ai vu sa tête dans le miroir et je me suis bien rendue compte que la réponse ne lui convenait pas. Elle avait froncé les sourcils avec la rapidité d’un Lucky Luke sous amphétamines : 

-« si, y’a des trucs... Déjà on fait plus de cuisine et puis, on se rend compte que l’on peut s’en sortir même si on est seul et isolé. On se débrouille quoi !», m’a-t-elle répondu du tac-au-tac.

Pour ce qui était de la cuisine, il était clair que tout le monde (ou presque) s’y était mis. Même moi, dont le niveau de cuisine est proche d’un homme de Cro-Magnon, je m’étais lancée dans des plats que je n’aurais même pas cuisiner dans mes rêves les plus fous (civet de chevreuil, hachis Parmentier à l’andouillette...). Les filles pour qui la pâtisserie était devenue une religion n’étaient pas en reste niveau cuisine (le chocolat étant  devenu leur bff). 

Pour ce qui est du deuxième point, j’ai été instantanément hyper fière d’elle dès que j’ai entendu ses mots, car se débrouiller est pour moi aussi important qu’être heureuse dans la vie. C’est dans ces moments de bizarrerie ambiante que l’on voit ce que l’on a dans le bide et ma gamine de bientôt quinze ans et bien, elle en avait sacrément en tout cas. 

Je me suis remémorée une sombre période de ma vie dans laquelle un tout petit peu plus âgée qu’elle, j’avais déjà été confrontée à une période d’isolement à cause d’un autre mal (psychologique cette fois) qui s’était emparée de mon adolescence.

Les jours avaient été marquants, mais j’en étais sortie grandie et surtout, je m’étais rendue compte à ce moment-là que toute tempête même affrontée en solitaire finit par s’éloigner et bien que la privation de liberté soit la chose la plus dure à vivre, on peut rester libre dans sa tête (et ne pas forcément s’appeler Diego 😉). Voilà, c’était la leçon de psychologie de pissotière du jour. 

À demain, les zamis. Prenez soin de vous...

 

La phrase du jour :

 

« Le seul bénéfice que l’on tire de nos masques est de vous savoir bien protégés »

 

Phrase tirée d’une pub de Carrefour et qui m’a quelque peu agacée. Comment peut-on faire payer une chose indispensable en ce moment ? Comment l’état peut inciter de telles pratiques ?!

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