Les tournées endiablées !
Ce sont celles, tu vois, où tout semble aller bien (au début du moins) et où très vite tout semble t’échapper. Le temps, d’abord, t’échappe inexorablement. Au départ, tu es à l’heure ou non pas vraiment : tu commences avec un tout petit retard, cinq minutes pas plus, mais ô oui, ces précieuses minutes vont te trotter dans la tête lorsque tu seras bien enfoncé dans le caca ! Ensuite, tu es dans les temps pour les premiers patients puis bam ! Un grain de sable vient enrayer ta mécanique bien huilée et tout part en couille. La panique commence à t’envahir, tu te dis que tu vas rester concentré et travailler vite et bien, mais rien ne se passe comme prévu : ici tu poireautes à la porte, là tu dois appeler le médecin, là-bas tu composes le 15 parce qu’il n’y a pas d’autre solution. Tu oses à peine regarder l’heure, non pas que cela te gêne personnellement d’être en retard, mais certains : oui visiblement. Ils n’hésitent d’ailleurs pas à te le faire remarquer : « je ne vous attendais plus à cette heure-là » / « j’avais peur qu’il vous soit arrivé quelque chose (ce qui est bienveillant mais flippant à la fois : tu te vois agonisant dans un fossé prononçant ces derniers mots : « pourtant, j’avais essayé d’être à l’heure... » / « ah ben quand même ! », ce qui entame inexorablement ta bonne humeur ! Du coup, l’envie t’échappe aussi et pour te remonter le moral, tu te dis qu’au point où tu en es, il ne pourra rien t’arriver de pire. C’est là que tout l’esprit satanique de cette tournée entre en action parce que justement en plus du reste, il peut t’arriver une galère supplémentaire. Oh pas une grosse, non juste un truc qui peut vraiment te mettre les boules de Noël au fond du gosier ! Tu peux soit 1) crever (pas toi, ton pneu !) et essayer sans succès de desserrer les boulons de ta roue que ton garagiste a, lui, serré comme un bourrin, le tout en étant garé à l’arrache, en pleine nuit alors qu’une petite bruine vient geler tes entrailles 2) foncer dans la poubelle/le chat (oup’s)/le portail en reculant pour sortir du minuscule chemin de ton tout dernier patient 3) perdre tes clés ou ton portable, les deux éléments qui prolongent ta main 4) oublier ta mallette de soin chez un patient mais tu ne sais (évidemment) plus lequel. Bref, ce genre de fin de tournée qui te fait penser qu’un démon s’est emparé de ton esprit et qu’il t’en veut inexorablement ! Après tout cela, tu n’as plus qu’à rentrer chez toi, prendre un bon bain (avec bougies et tout le tintouin), souffler un bon coup, boire un bon verre de vin (se saouler pour oublier quoi !!!!) ou faire un bon exorcisme !