Le tout dernier patient
Au bout du bout de la journée, il y a cette maison au bord du chemin, cet immeuble à escalader, cette rue à remonter. Au bout de tout cela, il y a le tout dernier patient de la journée. Celui chez qui tu te rends lorsque la nuit s’étend à perte de vue, lorsque le froid t’envahit tout entier, lorsque tu as dépassé depuis belle lurette le début du couvre-feu (bon celle-là j’espère vite l’effacer !). Il te paraît être à des milliers de kilomètres même si tu connais le chemin par cœur, comme si sa maison se trouvait tout au bout du monde. Parfois il loge en haut d’un immeuble et monter les marches c’est comme gravir chaque soir l’Everest ! Une fois arrivé devant la porte, tu souffles un bon coup. Tu as la sensation, certains soirs que tu ne vas avoir la force d’appuyer sur la sonnette, alors tu prends ton courage (et tout ce que tu trouves) à deux mains et tu entres en souriant sous ton masque.
En refermant la porte, après le traditionnel « au revoir, à demain », une sensation de légèreté te saisit les chevilles et tu pourrais même voler jusqu’à ta voiture en hurlant « li-ber-té » tel un William Wallace en pleine éviscération. Tu allumes le contact, mets la musique à fond, fait sauter ton masque et respire un bon coup. Ça y est, il est enfin l’heure de rentrer, la journée a été longue !