Celle qui attendait...
Elle attend, du moins elle semble attendre que les minutes défilent et qu’enfin le jour se termine. Elle a eu une autre vie avant, une vie remplie d’enfants, de tâches à accomplir, de temps à grapiller, mais maintenant que le temps de l’insouciance est révolue et qu’il ne reste que les bribes d’un temps passé, elle reste là à tourner en rond, à noircir des pages entières de mots mêlés dans lesquelles elle tente de retrouver les mots « souvenir », « passé », « jeunesse ». Elle a été heureuse, mais cela c’était il y a longtemps. Maintenant elle passe son temps à attendre que le temps passe alors que de l’autre côté de la fenêtre le monde tourne en accéléré. Elle ne comprend plus ce monde de fou qui va si vite pour elle, elle qui attend patiemment que les heures passent. Ses heures sont des années, ses minutes des heures. Seule la grande horloge de la cuisine lui rappelle par son éternel tic-tac que le temps continue à filer. Chaque jour ressemble au précédent. Rien ne change à part la date et le temps qui creuse irrémédiablement les rides de son visage. Peut-être pense-t-elle au temps passé, au doux parfum de la jeunesse lorsqu’elle voulait accélérer le temps ?
Le temps d’un instant, je la croise pour les soins et chaque fois que je repars de chez elle, je me répète qu’il faut profiter du temps qui passe et cesser de vouloir l’accélérer à tout prix.