La constellation de l’infirmière
Être en libéral, se rendre chez les patients c’est un peu comme consteller une journée de plein d’objectifs. C’est comme gravir des tas de petites montagnes. C’est ce que je me suis dit hier matin alors que je rejoignais la énième maison de la tournée. Il y a d’abord le tout premier objectif : celui de réussir à sortir du lit à des heures qui ne sont pas humaines pour le commun des mortels puis le deuxième : se préparer en un temps record (histoire de ne pas démarrer avec une demi-heure de retard dans la vue !) puis le troisième : arriver sans encombre à la première maison etc... Toute la journée, objectif après objectif on avance, on progresse, on galère, on se dit que rien ne se déroule comme prévu. Un pas devant l’autre, étape après étape. Parfois cela se passe sans qu’aucun grain de sable ne vienne perturber la machine bien huilée (mais ça, ce n’est pas souvent !) et puis, la plupart du temps l’étape suivante semble si loin et si haute que l’on a l’impression que l’on ne va jamais y arriver parce que nous ne sommes pas des robots et qu’il y a l’affect qui se met parfois en plein milieu du chemin, puis aussi l’urgence d’une situation, la complexité d’un soin ou tout autre chose que l’on n’avait pas prévu. Alors on revoit son objectif, on le retarde, on le modifie, on change de parcours pour pouvoir l’atteindre et lorsque l’on y accède enfin, le doigt sur la sonnette, on peut souffler et être fier parce que ça y est, on vient de gravir une des petites montagnes, un des objectifs qui constellent le ciel de notre tournée.