Lundi

Publié le par La petite infirmière

 

Je les ai déposés devant l’arrêt de bus. Il ne faisait pas froid parce que l’été s’était décidé à montrer enfin le bout de son nez. La nuit commençait juste à nous tourner le dos. J’ai agité la main dans leur direction et j’ai vu leurs silhouettes devenir de plus en plus petites au fur et à mesure que la voiture avalait du bitume. Dans le rétroviseur, ils n’étaient plus que deux playmobils, valises sur le côté. Quelques minutes après, devant la première maison, je leur ai envoyé un message qui parlait de courage, de je t’aime et de baisers. Ils m’ont répondu presque instantanément. Plus tard au rythme de la tournée, j’en ai reçu un autre de la hobbit qui demandait si j’avais rempli un papier pour la maîtresse. Elle a marqué sur le téléphone de son père : « a tu renpli le papié ? » et je me suis souvenu de ce foutu cahier de vacances que l’on n’avait même pas ouvert. La matinée a coulé aussi vite qu’une glace dans son cornet et j’ai pensé à eux une bonne centaine de fois alors que ce n’était ni la première rentrée ni la rentrée tout court vu que l’on était lundi. 
Le soir en rentrant du boulot, le cartable de la hobbit était posé dans l’entrée et j’ai réalisé que cette fois ça y était : l’année scolaire avait vraiment commencé, la première semaine du moins. J’ai espéré de toutes mes forces qu’elle puisse se passer du mieux possible cette année, sans toute cette merdouille environnante qui vienne la pourrir une nouvelle fois et je me suis dit que la première journée de la première semaine venait de se terminer, que la hobbit semblait contente, que les grands étaient avec leurs potes de l’internat et qu’ils vivaient leur vie aussi là-bas et que la vie justement, était passée drôlement vite pour un lundi, emportant dans sa course un pan de mon enfance : Belmondo et ses films, ceux que j’avais adoré : Peur sur la ville, Cartouche et Un singe en hiver. 

 

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