Jour de neige
Le réveil sonne, je me lève tél un zombie, direction la salle de bain. Je me dis qu’il ne faut pas partir trop tard, la tournée est chargée. Je traîne la savate devant le miroir, sirotant mon café dans un demi-sommeil. L’heure tourne et moi je n’ai qu’une envie : retourner me coucher. Je jette un dernier coup d’œil à la pendule du salon : 6h25. Il est grand temps de partir. Ils ont annoncé du froid à la météo. Je pars à la recherche de ma doudoune de tournée, celle bien étanche, chaude et pas trop moche. J’enfile ma paire de New Balance et ouvre la porte d’entrée. Dehors, une fine couche de neige a recouvert la terrasse et les flocons tombent abondamment. Merde alors ! Je démarre mon bolide et avance prudemment dans la pénombre. Sur la route, mon véhicule s’est transformé en Faucon Millenium poussé en hyper vitesse, les flocons s’étalant en un halo sur mon pare-brise. Le cul du véhicule chasse un peu de temps en temps mais je reste concentrée les deux mains agrippées sur le volant parvenant à dompter la bête mécanique. Je perds vingt bonnes minutes sur mon timing mental. Je râle un peu puis me dis que c’est de la chiotte ces timings ! J’arrive devant la première porte avec un bon quart d’heure de retard, manque de m’étaler en faisant deux pas en direction de l’entrée. J’ai la sensation d’avoir enfilé une paire de patins à glace et me promets d’oublier mes New Balance à la prochaine vague de froid ! La patiente qui m’ouvre la porte en m’invitant à rentrer me mettre au chaud est une jeune personne très sympathique mais dont le réseau veineux reste aussi inexistant que la joie de recevoir un relevé urssaf. Je réussis heureusement à la piquer sans trop de difficulté et me la pète intérieurement (chaque petite réussite est une grande victoire) jusqu’à ce que la jeune fille m’informe d’une voix faiblarde que sa vue est bizarrement en train de se brouiller. Je la retiens in extremis avant qu’elle ne s’écroule sur la table. Elle reste de longues secondes entre deux eaux puis reprend ses esprits et des couleurs. Elle s’excuse et je la rassure en lui disant que cela arrive et qu’elle ne doit pas s’excuser. Sur ce, elle s’excuse à nouveau. Je reste quelques minutes à ses côtés m’assurant que tout va bien puis repars vers d’autres horizons neigeux en me disant que cette journée aussi merdique soit-elle ne fait que commencer !