Le premier jour du reste de notre vie...
Qu’est-ce qui a changé par rapport à hier ?
En théorie rien, le soleil continue à se lever, mais en pratique une « légère » électricité plane dans l’air, une légère électricité et un manque d’informations (hou hou on est là, nous les libéraux) .. Ce matin, je n’étais pas à l’aise dans mes baskets. Pas par peur du Covid 19 (quoique à force d’en entendre parler toute une journée à la radio...), mais par le sentiment qui ne m’a pas lâchée de la matinée : une impression de bosser dans le brouillard avec la tête remplie de questions : faut-il mettre un masque ? Si oui, je vais devoir utiliser le maigre stock que l’on m’a fourni et si après, les cas se multiplient, comment faire ? Et si j’attrape au passage un rhume, je m’arrête ? Parce que je suppose que l’on ne va pas se jeter sur moi pour me tester... Et si je suis contaminée ? Et si mes collègues aussi et que personne ne puisse assurer la continuité des soins ?
Toutes ces interrogations (ajouter à cela celles des patients), cela fait beaucoup de questions sans réponses... Et puis, il ne faut pas se mentir (on n’est pas des saints non plus !) : ai-je envie de risquer d’être infectée et d’infecter mon entourage même si notre Président a bien dit que les soignants étaient des héros (bla bla bli bla bla bla) ?
Cela fait des mois que les hôpitaux vont mal, que les libéraux essaient de se faire entendre et qu’est-ce que l’on nous répond ? « il faut un engagement total des soignants.... » (bla bla bli ...) . Chaque jour nous nous engageons auprès de nos patients. Cependant, nous ne sommes ni des nonnes ni des machines alors quelques compliments par ci-par là pour égayer un discours cela risque de ne pas suffire pour re-booster les troupes... Bien au contraire !