Le coiffeur, le lego et l’infirmière…

Publié le par La petite infirmière

 

 

-Oui bonjour c’est madame Truc, je voulais savoir à quelle heure vous alliez venir pour mon soin parce que j’ai un autre rendez-vous et que je ne peux pas attendre ?

 

J’ai pesté en écoutant mon répondeur parce que je galérais depuis que la tournée avait démarré (vous savez ces bonnes vieilles journées comme on les aime où l’on rêve de se planquer dans un endroit où la poisse ne nous retrouverait pas) et que je faisais mon possible pour 1) ne pas être trop en retard 2) ne pas être trop en retard et rester souriante et agréable (si si même avec le masque !!!!) 3) ne pas être trop en retard, rester souriante et agréable et ne pas montrer que intérieurement je suais comme une vache et étais au bord de l’AVC ! J’ai pestais aussi parce que j’étais dans les temps, du moins ceux annoncés à la dame en question et qu’il n’y avait pas de raisons de bouleverser la tournée pour un autre rendez-vous ! 

J’ai hésité une seconde puis l’ai rappelée pour savoir à quelle heure était son rendez-vous. Elle m’a annoncé qu’elle devait être chez son coiffeur dans au maximum vingt minutes parce qu’elle avait réussi à avoir un créneau  ! Je lui ai promis de faire mon possible mais que la journée était bien chargée et qu’elle devrait peut-être attendre un peu parce qu’il y avait la route, les soins en cours et le reste… En raccrochant je me suis fait la réflexion pour la deux cent cinquante millième fois depuis que j’étais infirmière libérale que j’avais toujours l’impression de passer après tous les autres rendez-vous. Je n’arrivais pas à m’expliquer pourquoi mais il était clair que cela n’était en rien une invention de mon esprit : quand tu es infirmier ou infirmière, tu passes souvent après : après le médecin, le coiffeur, le marché, le boucher du coin, la balade du clebs… Il y a les rendez-vous et il y a toi, l’infirmière ou l’infirmier qui peux être déplacé comme on déplace une petite brique de lego qui gêne le bon déroulement de la construction et j’avais beau cherché, je ne trouvais pas d’explication rationnelle à cela : c’était peut-être à cause du fait d’assurer une continuité des soins et de venir par tous les temps qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige et en toutes circonstances ;  c’était peut-être parce que l’on se rendait à domicile et que c’était à nous soignants de nous adapter aux habitudes de chacun ; c’était peut-être aussi cette bonne vieille casserole de bonne sœur en cornette qui nous collait encore et toujours aux basques… 

N’empêche, il serait bon de réaliser pour certains que le rendez-vous de l’infirmière souvent relégué au rang de secondaire est pourtant un des plus importants tout simplement parce qu’il implique la santé de chacun et quoi que l’on en dise si le rendez-vous avec l’infirmière est une brique moche de lego et si cette brique maintient d’autres briques en équilibre, la retirer ou la déplacer peut faire s’écrouler l’édifice tout entier… À méditer 😉 

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