Today is our day
Il y a quelques jours, alors que je sortai d’un soin particulièrement éprouvant, je montai dans ma voiture dans un état second avec la désagréable impression d’avoir la tête dans du coton. Les mains agrippées sur le volant, j’ai pensé que la vie était quand même sacrément dégueulasse, qu’elle ne faisait cadeau d’aucun sursis et que ma blouse et moi, on ne servait pas à grand chose, que je n’allais pas empêcher la mort de se pointer avec mes p’tits bras musclés ! J’ai respiré un bon coup : il fallait continuer malgré tout et en mettant le contact, je me suis dit qu’être infirmière c’était quand même un drôle de métier, un de ceux où la maladie et la mort sont une monnaie courante dont on se passerait bien, un de ceux où tout semble parfois perdu et triste. Je me suis imaginée faire autre chose en me répétant qu’il y avait tant à découvrir et puis, là-bas au bout du chemin, j’ai réalisé que ce métier bizarre était peut-être un des plus difficiles, mais que, malgré la fatigue et les sacrifices, je l’aimais : soigner, rencontrer l’autre, aider, échanger, vivre chaque jour différemment du précédent… J’aimais l’urgence, la découverte, l’adrénaline, le partage. J’aimais le métier d’infirmière, parfois si dur souvent si beau…