À travers la fenêtre de l’hôpital
Par la fenêtre, je vois un petit bout de ciel, un rectangle d’extérieur quand ici, la vie semble s’écouler au ralenti.
Je me raccroche à cette parcelle d’horizon comme à une bouée de sauvetage. Dans cette chambre surchauffée, j’entends des bribes de mots qui s’échappent du couloir. J’attends que l’opération se termine. Ici, je suis accompagnante, aidante ou je ne sais quel terme. Je ne suis plus infirmière, mais maman. J’ai confié mon enfant à d’autres soignants.
je lève les yeux vers la fenêtre et me souviens d’une autre fenêtre à travers laquelle j’ai observé le dehors des milliers de fois. Je me rappelle de chaque recoin de ciel, de chaque feuille qui s’agitait au vent. C’était il y a bien longtemps. J’étais dans une autre chambre d’un autre hôpital et je n’ai rien oublié. C’est au bord de cette autre fenêtre dans cette autre chambre que j’ai pensé pour la première fois qu’être soignant était peut-être fait pour moi. Comme une revanche, un pied-de-nez. C’est au bord de cette fenêtre que ma vie a changé et que la force que j’avais en moi s’est décuplée. Une rage de vaincre qui s’est forgée dans chaque reflet de ciel.
Je regarde par la fenêtre. Je vois les branches qui doucement s’agitent en attendant que ma petite revienne du bloc. Mon regard s’éclaire dans les pâles rayons du soleil. Je puise un souffle de vie comme je l’ai déjà fait il y a des années lorsque j’étais enfermée dans cette autre chambre, de cet autre hôpital dans cette autre vie. Cette autre vie qui fait ce que je suis aujourd’hui...