Poisse ou pas poisse ?
J’ai remarqué un truc pendant mes tournées : en général, une journée qui démarre pourrie se terminera toujours pourrie. C’est l’effet scoumoune ou l’effet « j’ai la poisse et j’en attire d’autres ». Bref, une journée qui débute en mode "galères en tous genres" se finira très probablement en galère généralisée. Et, dans ce cas, on n’est pas au bout de ses surprises. Cela en deviendrait flippant, comme si un esprit malfaisant s’était emparé de notre journée. Bon, je sais, on se rapproche à grands pas d’Halloween, mais quand même ! Comment un samedi de travail comme les autres peut prendre des allures cauchemardesques en fin de journée, transformant votre petite infirmière en serpillère tout juste bonne à articuler trois mots : « vais me coucher…. » ?
La matinée avait pourtant bien démarré : aucun retard à l’horizon, une tournée « parfaite » ni trop ni pas assez, des veines dévouées à ma cause qui se laissent ponctionner, aucun patient râleur à l’horizon, un temps clément (un peu de fraicheur mais pas de pluie). Bref, des conditions idéales pour débuter un week-end de travail. Et puis…les ennuis ont commencé, un appel pour poser une perfusion. Jusque-là, tout va bien. Sauf que pas d’ordonnance pour les dérivés (soluté, perfuseur…). Pas grave, je fais un aller-retour au cabinet pour récupérer ce qui manque. Oui, oublié de mentionner que tout cela se déroule, bien sûr en dehors des heures d’ouverture de la pharmacie. L’ordonnance ressemble plus à des hiéroglyphes qu’à une prescription et comme je ne sais pas lire le grec ancien, j’appelle le service où le monsieur est hospitalisé. J’arrive tant bien que mal à dépatouiller tout ça. Il est déjà bien tard lorsque je repars.
S'ensuit une succession de « plans galères » comme je les appelle : retards en tous genres, franchissement de barrière de lit avec chute, négociations pour faire prendre un traitement parce que « vous, les infirmières, vous voulez m’empoisonner ! ». Sans parler de la pluie qui se met à tomber. J’attends la prochaine catastrophe avec anxiété : « mais, qu’est-ce qui va encore me tomber sur le coin de la gu**le ? ». Je finis ma journée sur les rotules.
Cela aurait pu être pire (ça le peut toujours), j’aurais pu crever un pneu ou tomber en panne ou même les deux à la fois. C’est ce que je me dis, en rentrant chez moi, bien fatiguée et surtout bien agacée. Pourtant le mystère plane toujours, la poisse existe-t-elle vraiment ? Qu’est-ce que ça aurait été si en plus de tout cela, j’étais passée sous une échelle ou si j’avais en débutant la tournée, croiser le regard d’un chat noir (ce qui arrive souvent quand on en a un à la maison) ? Allez, ce soir, ce sera une bouillotte et au lit ! Demain est un autre jour et ce qui est bien dans un samedi pourri, c’est quand il se finit !