Le parcours d’obstacles...
Comme l’impression de jouer au crocodile, comme lorsque j’étais gamine et que l’on ne devait pas marcher sur les carreaux noirs sous peine de se faire dévorer par un crocodile imaginaire. Voilà l’impression que j’ai avec la covid machin bidule (décidément je ne m’habituerai jamais à dire « la »). La sensation de devoir éviter à tout prix les zones à risques tout en me rendant compte qu’elles sont de plus en plus nombreuses, les carreaux noirs se multipliant inexorablement. Un parcours d’obstacles voilà ce qu’est notre métier en ce moment, où l’on tente de se protéger mais surtout de protéger nos patients, les plus fragiles et les autres... Pour ne pas être l’élément de la chaîne qui transmet et aussi pour ne pas être stigmatisé. Parce que oui, il faut le dire les positifs sont stigmatisés , montrés du doigt, mis de côté et évités comme la peste. L’autre jour, quelqu’un me disait que si une de mes collègues ou moi attrapions le virus machin bidule, on n’avait qu’à se mettre une semaine en arrêt et pis c’est tout ! Sauf que 1) cela mettrait les collègues dans une bonne plâtrée de caca 2) je ne suis pas sûre que le téléphone se remettrait à sonner illico-presto au retour de l’intéressée, rapport à la stigmatisation et tout ça 3) la dite intéressée ne serait peut-être pas d’attaque pour réattaquer (cela en fait des attaques !) une tournée de soin bien chargée et bien fatigante.
Un parcours d’obstacle je vous dis, une partie de crocodile géante où personne n’a envie de mettre le pied sur un carreau noir ! Si encore on avait de quoi se protéger des dents acérées du croco, mais c’est loin d’être le cas. Les blouses jetables sont devenues une denrée bien rare dans notre beau pays. Une sorte de trésor inaccessible (vu les prix pratiqués !) et introuvable. Pourtant, on continue malgré tout, en prenant soin d’éviter les carreaux noirs et en faisant tout ce que l’on peut pour ne pas se fracasser la tronche dedans....