Oreilles bouchées et bouche cousue !
En cette veille d’élection présidentielle, les esprits s’échauffent. Les langues se délient et au domicile, j’en entends des vertes et des pas mûres. Une question me taraude : Est-ce notre profession d’infirmière qui fait que la plupart des gens se confie à nous sans filtre ? Sommes-nous forcément apolitiques parce que soignants ? Est-ce notre caducée qui fait que nos petites oreilles entendent les confidences politiques les plus intimes et pas toujours il faut bien le dire les plus agréables ?
Cela me rappelle quand, enfant, je croisais la maîtresse au supermarché. La voir, ainsi avec son caddie et ses enfants m’hallucinais complètement parce que pour moi, elle était maîtresse à temps plein, le genre qui dort dans sa classe et qui n’a qu’une vie, celle de l’école. Et bien, pour nous, c’est un peu pareil ! Les piqueurs et piqueuses de service, qui ont forcément les mêmes idées que la personne qui nous tend le bras ! Cela va du simple : « Ah ben vous, vous comprenez ! » (genre confidence sur l’oreiller sauf que là, y’a pas plus d’oreillers que de veines apparentes sur le bras !) au carrément décomplexé : « les petits bonhommes verts, dehors ! ». Souvent, je n’ai qu’une envie, lâcher mon aiguille et me boucher les oreilles ! Car non, ce n’est pas parce que l’on est soignant, qu’on a envie de tout entendre et surtout, que l’on partage les mêmes idées !
Nous ne sommes pas uniquement cet(te) infirmier(e) qui passe de maison en maison et qui le soir, rentre dormir dans sa voiture, sans conscience du monde extérieur ! Nous ne sommes pas uniquement cet(te) infirmier(e) qui ne pense qu’aux « soins » du matin au soir et du soir au matin ! Nous sommes également des citoyens avec une conscience politique propre à chacun qui dimanche, iront (ou pas) voter comme n’importe quel citoyen. Un citoyen qui votera (ou pas, là aussi c’est son choix) comme il l’entend et pas forcément comme son patient du matin. Ce patient, qui, persuadé que ses idées étaient partagées par tous (et surtout par son infirmière), a balancé un « bon ben, on sait ce qu’il faut faire » accompagné d’un clin d’œil complice lorsque son infirmier(e) a franchi la porte de sa maison pour s’envoler vers d’autres lieux géographiques et politiques !!!