Éloge du dimanche...

Publié le par La petite infirmière

Éloge du dimanche...

Le dimanche est un jour particulier. Lorsque l’on est à la maison, c’est souvent le jour des retrouvailles en famille, le jour où l’on se repose ou au contraire celui où l’on s’adonne à ses passions. C’est le jour où l’on prend le temps d’écouter de la musique, de lire le journal ou de faire la cuisine.

Lorsque l’on travaille le dimanche, ce qui, il faut bien le dire, est souvent le cas dans notre métier, c’est toujours un jour un peu particulier aussi. Il n’y règne pas la même ambiance que le reste de la semaine. On sent flotter dans l’air comme un parfum de légèreté. Une journée de travail dans un environnement ralenti, la sensation de bouger dans un monde immobile.

Le dimanche, les heures ne filent pas de la même manière. On prend le temps. Le dimanche, je dis oui au café fumant. On s’installe la dame et moi et on discute de tout, de rien devant nos tasses. Pas longtemps, juste cinq minutes mais c’est déjà beaucoup. Le dimanche, je raccompagne après les soins Mister grincheux dans son potager, où il me montre, pas peu fier, la poussée de ses derniers pieds de salade.

Le dimanche, les gens restent plus longtemps en robe de chambre et j’aime voir leurs têtes ébouriffées. Ils sont au naturel, presque tombés du lit avec leurs rides aux coins des yeux et les cernes d’une vie pas toujours facile.

Le dimanche est propice aux confidences. On se laisse aller à se raconter nos vies. On parle de la famille, du temps qui passe et du temps passé.

Le dimanche, les enfants sont parfois là, en visite et les yeux des mémés pétillent. Elles aiment me présenter leurs arrières-petits-enfants qui courent autour de la table et sont fiers de dire à leurs enfants que « voilà l’infirmière, tu sais, avec ses collègues, elles viennent tous les jours… » .

Le dimanche midi, les odeurs de cuisine envahissent les salons et j’aime sentir tous ces parfums en rentrant dans les maisons.

Le dimanche, il y a la queue à la boulangerie et sur le marché. Je passe à proximité et fais un signe de la main aux visages connus.

Le dimanche, les gens seuls le sont encore plus. Ils n’auront pour repas dominical qu’un tête-à-tête avec leur tranche de jambon, sur fond de journal télévisé. Pas de visite, pas de coup de téléphone. Juste eux et le passage de l’infirmière, seule présence de la journée.

Le dimanche lorsqu’une galère pointe le bout de son nez, on se sent encore plus seul. La faute au manque de médecin, à l’isolement et au ralenti de la vie le dimanche.

Le dimanche les fervents regardent la messe à la télé parce que comme pour les médecins, il y en a de moins en moins dans les campagnes, alors à la télé c’est mieux que rien.

Le dimanche, parfois, je finis un peu plus tôt et j’aime rentrer sur la pointe des pieds et découvrir tout mon petit monde qui s’affaire en cuisine. Je m’installe, mets les pieds sous la table et me sens comme une invitée un peu spéciale.

Le dimanche, la tournée du soir paraît toujours plus longue, surtout la nuit, surtout l’hiver.

Le dimanche soir, j’ai l’impression d’être la reine de la route, dans la campagne déserte. Point de voitures à l’horizon, point de promeneurs non plus. Juste une petite infirmière qui arpente les chemins.

Le dimanche, je pars travailler sans me poser de questions, parce que si je le faisais, je ne sortirais pas un pied du lit et je me rendormirais bien au chaud sous la couette. Mais une fois levée, j’apprécie ce jour un peu spécial et je me dis que travailler le dimanche évite la routine, un peu comme un aventurier qui part explorer de nouvelles contrées. Qu’est-ce que vous voulez, on se motive comme on peut !

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